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Faire marcher l’esclavage contemporain pour ta paire de jeans? Ce n’est décidément pas un problème

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Le Guardian vient de donner un coup de poing encore une fois énorme au sujet des conditions de travail inacceptables en Inde et au Bangladesh et du cercle vicieux qu’entretiennent des marques de mode.

En dépit des scandales des 1129 morts dans l’usine de Rana Plazza, dans ce qu’on appelle les ateliers de la misère, et la mise en lumière de situations dramatiques en Inde, l’industrie du fast fashion semble pourtant continuer à fermer les yeux. Pire: comme le souligne The Observer, si les enfants sont moins visibles en amont de la chaine de production (notamment dans les villes où les journalistes pourraient immédiatement crier au loup…), les usines ont tendance à externaliser certaines tâches à une myriade de réseaux moins scrupuleux, notamment pour les broderies. Des ateliers en périphérie sont donc utilisés par l’usine qui n’a plus qu’à assembler les pièces reçus. L’usine étant la seule entité qui est scrupuleusement analysée par les institutions, on est donc dans un vrai-faux clean. Et pendant ce temps, des enfants sont condamnés.

L’argument bien colonial est qu’en développant des activités d’exportation, le Bangladesh ou l’Inde seraient dans une spirale positive de développement.

Quelle blague.

L’Inde a annoncé la semaine dernière que sa population ne comptait plus que 21,9% de pauvres…sur la base d’un salaire journalier de 36 centimes d’euros dans les zones rurales et de 41 centimes d’euros dans les zones urbaines. Personne n’y croit, sauf dans les rapports d’audit payés eux extrêmement chers par ces marques de mode s’achetant une caution morale. Encore pire: dans cette spirale par le bas, comme l’IFM le rappelle, l’Inde est concurrencée par le Pakistan et désormais le Bangladesh lui-même, qui a pour la première fois en 2011 dépassé l’Inde dans les importations britanniques d’habillement.

Comme le rappelle le Guardian, les salaires étant tellement bas et les marges tellements élevées, accorder une hausse relative sur la chaîne de production sans diminuer la valeur perçue par le consommateur serait une solution tout à fait envisageable.

En étant cynique, peu de consommateurs vont avoir envie de boycotter complètement une marque de cheap fashion. Il suffit de voir les français se ruer dans le magasin Primark à Londres, tout en achetant éthique le soir dans un marché vintage. Il y a donc une responsabilité des marques à ouvrir un peu leur gouvernance en rendant d’une certaine façon le consommateur actionnaire de la réputation de celle-ci. On devrait avoir le choix dans ces magasins d’acheter mieux, un peu comme quand on nous explique dans un restaurant pourquoi un produit est meilleur pour la santé qu’un autre. Il peut y avoir une dimension ludique et festive avec le développement. Toutes ces marques qui cherchant à nous divertir, à plonger dans l’entertainment devraient comprendre qu’on achèterait plus si ensemble on gagnait plus.


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